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Rassegna bibliografica
Settecento

Luigi Delia, Droit et philosophie à la lumière de l’“Encyclopédie

Eszter Kovács
p. 528-529
Notizia bibliografica:

Luigi Delia, Droit et philosophie à la lumière de l’“Encyclopédie”, Oxford, Voltaire Foundation, 2015, Oxford University Studies in the Enlightenment 6, 280 pp.

Testo integrale

1Le livre de Luigi Delia, publié dans la collection renouvelée, connue auparavant comme SVEC, embrasse un sujet non seulement vaste mais aussi polémique: la réflexion juridique dans l’Encyclopédie (dite de Diderot et de D’Alembert) et dans d’autres ouvrages encyclopédiques parus durant la deuxième moitié du xviiie siècle. Alors que le cadre temporel initial est d’une quinzaine d’années – les tomes de l’Encyclopédie parues entre 1751 et 1765, ce qui correspond grosso modo à la période entre la parution de L’Esprit des lois (1748) et la publication du traité Des Délits et des peines de Beccaria (1764), la deuxième partie du livre élargit cette période. Mais le cadre temporel reste souple: l’auteur relie les débats du xviiie siècle aux débats juridiques et philosophiques actuels.

2Dans l’Encyclopédie, il se trouve des articles de droit descriptifs (techniques) et normatifs (ou critiques), et ces articles reflètent des avis très divers. L. Delia constate toutefois que l’Encyclopédie est le médiateur du jusnaturalisme et le point de vue humanitaire y est largement présent, surtout dans les contributions de Jaucourt. Pour trouver un fil directeur pour analyser cette diversité, il propose d’examiner «les Lumières du pénal» (p. 10).

3Le livre est divisé en deux parties, la première, intitulée «L’Encyclopédie ou le moment Montesquieu», se compose de huit chapitres, la deuxième «Après l’Encyclopédie, le moment Beccaria» de quatre chapitres (je signale les numéros entre parenthèses). L. Delia présente d’abord les contributeurs dans ce domaine (Toussaint, Boucher d’Argis, Jaucourt) et l’organisation des articles relatifs (I, 1). Ensuite, il analyse plus en détail le jusnaturalisme de Jaucourt, décidément critique envers Hobbes (I, 2). Les articles de Jaucourt exposent également une réflexion critique sur la légitimité de la guerre, issue d’un point de vue humanitaire (I, 3). L’esclavage et la traite sont des questions débattues dans l’Encyclopédie: c’est encore une fois Jaucourt qui propage des vues anti-esclavagistes et abolitionnistes, pour lui, le point de vue humanitaire vainc sans contredit le point de vue économique (I, 4). L. Delia s’occupe également de la place que les articles en droit accordent à Montesquieu: L’Esprit des lois devient un code pour certains encyclopédistes, ce qui peut poser problème (I, 5). Un chapitre est consacré à la question de la peine de mort (I, 6) et un autre aux crimes de lèse-majesté, c’est-à-dire les atteintes contre le pouvoir divin parmi lesquels le suicide et le duel (I, 7). La plupart des encyclopédistes soulignent l’injustice des punitions diffamatoires après un suicide et critiquent le duel en tant qu’un usage vain et anachronique. Le chapitre suivant (I, 8) s’occupe de la torture judiciaire. La procédure, légale à l’époque pour obtenir l’aveu du crime, est de plus en plus critiquée, notamment par Jaucourt et Beccaria.

4Dans la deuxième partie, l’auteur examine le débat sur la nécessité ou non de la torture à travers certains textes de Diderot ou attribués avec incertitude à Diderot (II, 9). Le chapitre suivant (II, 10) examine la postérité du traité de Beccaria, des avis favorables (l’Encyclopédie d’Yverdon) et défavorables à ses convictions (le juriste Guyot, anti-abolitionniste). L’avant-dernier chapitre (II, 11) présente les réformes proposées par Delacroix dans ses Réflexions philosophiques: ce réformiste ne partage pas toutefois l’avis de Beccaria sur la peine de mort. Le dernier chapitre (II, 12) est consacré au Code de l’humanité, un dictionnaire juridique, dirigé par De Felice, tombé en oubli. Certains articles sont de véritables textes programmatiques, dominés par le point de vue humanitaire.

5L’auteur conclut qu’il n’existe pas de doctrine juridique unifiée des Lumières mais le mouvement est sans conteste pour la réforme juridique, avec des différences plus ou moins importantes entre juristes et philosophes participant aux entreprises encyclopédiques. L’idéal serait la loi naturelle, principe des réformes juridiques. Le livre réunit une documentation vaste (un nombre impressionnant d’articles cités et commentés, de plusieurs encyclopédies) et les analyses de L. Delia sont claires et approfondies. Deux auteurs au centre de cette étude, Montesquieu et Beccaria, ne sont pas des encyclopédistes mais leurs idées ont une présence très forte dans l’Encyclopédie et ses suites. La tentative de lier ces débats aux débats contemporains, notamment sur la peine de mort, la menace du terrorisme et l’influence de cette menace sur le droit, est particulièrement intéressante.

6Une seule remarque critique que je juge à propos de faire concerne l’emploi récurrent de certaines expressions, telles que l’âge des Lumières, le siècle des Lumières, l’Europe des Lumières. On propose de plus en plus d’utiliser avec précaution ces expressions, devenues des clichés, récemment remises en cause en raison de leur caractère arbitraire (par exemple, peut-on parler d’un siècle des Lumières?). Mais cette observation terminologique n’ôte rien à la qualité scientifique de l’ouvrage.

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Per citare questo articolo

Notizia bibliografica

Eszter Kovács, «Luigi Delia, Droit et philosophie à la lumière de l’“Encyclopédie»Studi Francesi, 180 (LX | III) | 2016, 528-529.

Notizia bibliografica digitale

Eszter Kovács, «Luigi Delia, Droit et philosophie à la lumière de l’“Encyclopédie»Studi Francesi [Online], 180 (LX | III) | 2016, online dal 01 janvier 2017, consultato il 28 mars 2024. URL: http://journals.openedition.org/studifrancesi/5334; DOI: https://doi.org/10.4000/studifrancesi.5334

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